Une page de l’histoire de la compagnie Le Ponant se tourne avec le départ de Jean-Emmanuel SAUVEE

C’est une page de l’histoire de la compagnie Le Ponant qui se tourne. Jean-Emmanuel SAUVÉE, qui fut l’un des fondateurs en 1988, quitte ses fonctions. Il sera remplacé par Hervé GASTINEL, désormais Président du Directoire, organe de gouvernance placée sous le Conseil de Surveillance.

Deux postes de Directeurs Généraux Délégués sont respectivement attribués à Hercé BELLAICHE en charge des ventes et du marketing et à Alexis BLAVETTE, en charge des finances et de l’administration.

S’il avait été un temps question que la Présidence du Conseil de Surveillance soit confiée à Jean-Emmanuel SAUVÉE, ce poste restera occupé par François PINAULT, dont la holding familiale Artémis a fait l’acquisition de Ponant en 2015. Il conserve toutefois la Présidence d’Armateurs de France dont le mandat a débuté en Avril 2020, pour deux ans.

Véronique SAADÉ, épouse du Président de CMA CGM, quitte également ses fonctions de Vice-Présidente. Elle était arrivée au sein de Ponant en 2004 en qualité de Directrice Communication et Marketing, à l’époque du rachat de la compagnie par l’armateur français qui l’a ensuite revendu en 2012 au fonds d’investissement Bridgepoint.

Ce changement intervient à un moment clé pour la compagnie. En effet, comme tous les opérateurs des activités touristiques et de la croisière, elle est particulièrement impactée par la pandémie mondiale liée au coronavirus. Hormis durant l’été 2020, tous les navires de la flotte sont restés à quai et les travaux de rénovation du voilier Le Ponant ont été interrompus.

La commande de deux nouvelles unités, pour 300 millions d’€, a été gelée afin de réduire le poids des investissements. Enfin la livraison du paquebot brise-glace Commandant Charcot est prévue en Juillet 2021 mais il est pour l’instant impossible de dire s’il pourra réaliser sa saison inaugurale en Arctique. Ce navire d’exploration polaire, dont la commande s’élève à 270 millions d’€, est en effet la pièce maîtresse du plan de développement de la compagnie mis en place après le rachat par Artémis. Le prermier volet de ce plan, réalisé entre 2018 et 2020, portait sur la construction de six nouvelles unités d’expédition, soit un investissement d’une centaine de millions d’€ par navire.

Compte tenu du contexte mondial, les comptes de Ponant ont viré au rouge. En cause, les investissements consentis, le remboursement des clients qui n’ont pas pu faire les croisières programmées, l’absence de recettes et les coûts opérationnels de la flotte et du personnel. Cela se comptera probablement en centaines de millions d’€. Toutefois, François PINAULT se veut optimiste. «Les fondamentaux de la société demeurent solides», a-t-il expliqué. De plus, les premiers signes de reprise se font sentir. Enfin, la compagnie peut intéresser des investisseurs.

Ponant, une aventure atypique

En 1988, de jeunes officiers diplomés de l’Hydro de Nantes, dont Jean-Emmanuel SAUVÉ, créent une nouvelle compagnie tricolore. Un premier navire, le voilier Le Ponant, est mis en service en 1991. Puis viennent Le Levant en 1998 et Le Diamant en 2004, ancien ferry reconverti en petit paquebot avec lequel la compagnie se lance dans les régions polaires. 

Vient ensuite une période de très fort développement, grâce à des investissements que les actionnaires successifs vont consentir. En 2004, CMA CGM prend les rennes de la société dont le siège déménage à Marseille. Les ambitions de la compagnie se concrétisent, en particulier les croisières polaires, grâce aux navires Le Boréal, L’Austral et Le Soléal, qui entrent en service entre 2010 et 2013.

En 2012, le fonds d’investissement britannique Bridgepoint fait l’acquisition du Ponant. Un quatrième navire, Le Lyrial, est livré en 2015, permettant à Ponant de devenir le leader mondial des croisières polaires. C’est une position que la compagnie compte maintenir et développer, pour devenir n° 1 des croisières d’expédition.

En 2015, le groupe Artémis, propriété de la holding de la famille PINAULT, acquiert le Ponant et porte un plan d’investissement colossal d’un milliard d’€ pour doubler la flotte et offrir des unités très haut de gamme. Six navires de la série Explorer viennent grossir la flotte entre 2018 et 2020, à raison de deux par an. En 2019, le groupe rachète la compagnie Paul Gauguin Cruises, spécialiste des croisières en Polynésie, et son unique navire le Paul Gauguin rejoint ainsi la flotte. 

La dernière unité de la flotte, le Commandant Charcot, sera la 13ème et le premier paquebot brise-glace de croisière capable de s’enfoncer dans la banquise dans des zones encore inaccessibles. Il devrait être mis en service cette année.

Source : Mer et Marine 10.03.2021